Article publié le 13/12/2023 · Par Julien · Temps de lecture : 2 minutes environ

Présenté avec tambours et trompettes comme le premier Réseau Express Métropolitain Européen (REME) provincial, l'annonce promettait un supplément mensuel de plus d'un millier de trains à la gare de Strasbourg. Cependant, suivant un lancement chaotique, cette promesse n'est pas respectée jusqu'à maintenant, un an après. Le magazine "Enquêtes de région" fait le point sur ce fiasco.

Le projet ambitieux de REME :

L'initiative se profilait pour devenir une alternative concrète à l'utilisation de la voiture. En effet, le REME était conçu pour assurer la liaison entre 95 gares à un rythme de demi-heures, dès l'aube jusqu'à presque minuit, y compris pendant les week-ends. Les prévisions étaient d'augmenter la fréquence des trajets, initialement de 800 par semaine, jusqu'à atteindre plus de 1000 par mois en Septembre 2023.

Financé par la région Grand Est en collaboration avec l'Eurométropole de Strasbourg, ce projet devait en principe améliorer l'offre de transport en commun. Toutefois, face à une série de retards et d'annulations, le projet s'est effondré quasiment dès le début.

Les conséquences d'un échec prévisible :

Les syndicats avaient prévenu des risques d'échec du projet. Actuellement, avec 10 % des trains annulés et une insuffisance de régularité, le service laisse beaucoup à désirer. "Historiquement, c'est du jamais vu en Alsace. On était la meilleure région de France en termes de trains à l'heure et de régularité.", regrette Alexandre Welsch, secrétaire régional Sud rail Alsace.

Même le personnel de la SNCF est affecté, avec une augmentation significative d'agressions durant l'année 2023. Cet échec a été prédit non seulement par les syndicats mais aussi par Raymond Woessner, géographe spécialiste des transports, qui pointe du doigt le manque aigu de moyens financiers.

Une ambition mal réalisée :

Le projet du REME était soutenu à son début par le ministre des Transports ainsi que le PDG de la SNCF. Celui-ci était décrit par le président Emmanuel Macron lors du lancement du projet comme un grand objectif pour l'écologie, l'économie et la qualité de vie. Cependant, cette ambition a été mal traduite sur terrain avec des problèmes retentissant sur l'ensemble du système dès qu'une unique ligne subissait des complications.

L'exaspération des usagers a atteint un tel niveau qu'ils ont créé des groupes Facebook pour exprimer leur mécontentement, mettant en cause principalement le service de la SNCF. Selon Rémy Knittel, administrateur d'un de ces groupes, le service ne répond pas aux attentes des usagers malgré les augmentations tarifaires répétitives.

Accusations et esquives :

La SNCF, quant à elle, reste réticente à répondre à ces accusations et préfère renforcer ses équipes de maintenance. Avec une activité supplémentaire de 20 %, la compagnie a dû embaucher une vingtaine d'opérateurs et investir dans un nouvel atelier de maintenance. Ces améliorations tardives ont permit au REME d'atteindre difficilement 650 trains supplémentaires par semaine.

Malgré tout, la demande réelle de déplacement et l'augmentation du nombre de voyageurs de 20 % sur le réseau depuis le lancement du REME prouvent que le train a bel et bien un avenir. La question reste à savoir quand le REME reliable et efficace promis arrivera vraiment.